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Votre cerveau décide-t-il à votre place ?

Biologie Médecine - Article - 10 Février 2018

Votre cerveau décide-t-il à votre place ?
Votre cerveau décide-t-il à votre place ?
Biologie Médecine - Article -  2 409

Extrait d'un article de CMI (Creation Ministries International)
Certaines recherches sur le cerveau tendraient à montrer que le libre arbitre n'existe pas. CMI reprend les arguments et répond
Un article de Keaton Halley - 20 janvier 2018


Suite aux travaux de recherche menés par Benjamin Libet et John Haynes à partir de scintigraphies du cerveau, et qui tendraient à contredire le concept de libre arbitre, des internautes ont interrogé l'organisme chrétien américain Creation Ministries International (CMI) pour connaître leur position.

Réponse de CMI :
Tout d'abord, voici un récapitulatif de ces études. Plusieurs expériences, menées par Libet, Haynes et d'autres, avaient pour objectif de surveiller l'activité cérébrale de volontaires alors qu'ils effectuaient une simple tâche de prise de décision. La tâche consistait à noter soigneusement l'heure à laquelle ils croyaient avoir pris la décision d'appuyer sur un bouton, puis à appuyer sur le bouton. Les chercheurs ont constaté qu'ils pouvaient correctement prédire les décisions et les actions en observant l'activité cérébrale qui s'est produite à l'avance.

Selon les études les plus récentes, les prédictions ont été faites sur la base de l'activité cérébrale qui s'est produite jusqu'à 7-10 secondes avant la décision autodéclarée. La séquence des événements était donc :
A. Activité cérébrale qui pouvait prédire le résultat
B. Laps de temps de 7-10 secondes
C. Décision déclarée
D. Laps de temps de moins de 1 seconde
E. Appui sur le bouton.

Les articles de presse fondés sur ces travaux de recherche mettaient en avant des déclarations telles que : « Vous pensez peut-être que vous avez décidé de lire cette histoire - mais en fait, votre cerveau a pris la décision longtemps avant que vous ne le sachiez. » (1) Haynes lui-même a déclaré : « Cela laisse peu de place au fonctionnement du libre arbitre. » (2)

Mais les faits expérimentaux ne conduisent pas à de telles conclusions. Voici sept raisons pour lesquelles ces résultats expérimentaux ne minent pas la liberté humaine.


1. Il est possible qu'il y ait un laps de temps entre la prise de décision et le moment de la prise de conscience de cette décision.

La décision signalée à l'étape C indique une prise de conscience d'une décision, mais la prise de conscience n'est pas la même chose que la décision elle-même. Les événements respectifs de décision et de prise de conscience peuvent très bien être séparés dans le temps. Cela signifie qu'une décision aurait pu être prise à un moment donné avant l'étape C, de sorte qu'une partie de l'activité cérébrale pourrait se situer en aval de cette décision. Cela ne veut pas dire que je pense que le temps de latence entre une véritable détermination à agir et la prise de conscience soit probablement de sept secondes ou plus. Pour d'autres raisons que je vais aborder, cette latence pourrait être beaucoup plus courte.


2. La prise de décision pourrait ne pas avoir lieu en un instant, mais impliquer tout un processus.

Il se pourrait certainement que les gens délibèrent ou même se préparent à prendre une décision au niveau subconscient avant le moment où ils finissent par agir par la suite. Les philosophes distinguent entre vouloir agir, décider d'agir et exercer un pouvoir actif. (3) Ces étapes peuvent prendre du temps, ce qui suggère que l'activité cérébrale pourrait être corrélé avec les premières parties du processus. Une activité cérébrale précoce pourrait en effet indiquer clairement ce que nous ferons, même si le « point de non-retour » dans le processus de prise de décision n'a pas nécessairement été atteint.


3. L'activité cérébrale n'est pas la même chose que la causalité cérébrale.

Le titre de l'article que vous avez mentionné commence par cette phrase : « Le cerveau prend des décisions ... » Mais pourquoi penser que le cerveau physique est responsable de la décision ? Cette conclusion n'est pas seulement due aux résultats expérimentaux, mais à l'hypothèse (naturaliste) selon laquelle seules les choses physiques ont un pouvoir causal, de sorte que toutes nos décisions doivent finalement être attribuées à une cause physique.
Mais la Bible indique que les humains ont une composante immatérielle qui interagit avec le monde physique. Si les esprits immatériels des volontaires ont utilisé leurs cerveaux pour contrôler leurs doigts pour qu'ils appuient sur des boutons, alors il n'est pas vrai que le cerveau a initié une série d'événements déterministes. Les personnes l'ont fait librement.


4. Le succès prédictif fondé sur les scintigraphies du cerveau n'était pas de 100%

Les chercheurs ont admis que les prédictions ne se réalisaient pas toujours. Certaines études ont indiqué que c'était ce qui se produisait dans environ 60% des cas, et même les études les plus précises ont seulement affirmé qu'elles étaient précises à 80-90%. Cela prouve définitivement qu'une « décision » définitive et irréversible n'a pas encore été prise à l'étape A. Il se peut qu'une décision préliminaire ait été prise à ce moment-là, mais l'esprit délibérait ou conservait encore le pouvoir de changer cette décision, ce qui sape la conclusion déterministe.


5. Dans une étude réalisée en 2007 par Brass et Haggard, il a été constaté que même après une « décision » autodéclarée, les sujets avaient encore le pouvoir de changer d'avis avant d'accomplir l'acte. (4)

Cela montre que même la « décision » signalée par le sujet (étape C) n'était pas la vraie décision finale. Certains ont appelé avec humour le pouvoir d'opposer son veto à sa propre intention « le libre refus » (free won't). Ainsi, même si toute la prise de décision supposée avait été déterministe jusqu'à ce point, le pouvoir du « libre refus » au cours de l'étape D laisse une marge de manoeuvre pour la volonté d'un agent, et le déterminisme n'a donc pas été démontré. Brass et Haggard ont identifié certaines activités cérébrales associées au processus de veto mais, encore une fois, l'activité cérébrale n'est pas équivalente à la causalité cérébrale.


6. L'absence de liberté dans un domaine ne prouverait pas une absence totale de liberté.

Même si ces expériences prouvaient que seules les causes physiques étaient responsables des résultats observés, le contexte est quelque peu artificiel et limité, comme vous l'avez mentionné (NDLR : comme l'a mentionné un des internautes qui posait la question). Dans des décisions plus complexes de la vie réelle, nous pourrions avoir la liberté même si, dans ces circonstances expérimentales, ce n'est pas le cas. Des athées comme Daniel Dennett ont soulevé ce point précis. (5)


7. L'argument contre le libre arbitre s'auto-réfute.

Pour ceux qui nient le libre arbitre, comment sont-ils arrivés à cette conclusion ? Par délibération mentale sur les implications de ces expériences ? Eh bien, s'il n'y a pas de libre arbitre, alors toutes leurs délibérations mentales étaient en réalité une conséquence de processus physiques non rationnels. Sans liberté, ils n'ont pas raisonné ; ils ont juste réagi - de la même manière que leurs atomes le feraient toujours dans ces mêmes conditions. Mais si seules des forces non-rationnelles sont responsables de toutes nos pensées, cela mettrait en péril le fondement permettant de faire confiance à nos propres conclusions.
Ainsi, nous ne pouvons argumenter contre le libre arbitre sans le présupposer.

Notes et Références

1. Keim, B., Brain scanners can see your decisions before you make them, 13 avril 2008. Mind Decision
2. Smith, K., Brain makes decisions before you even know it, Nature news online, 11 avril 2008. Nature - News 2008.751
3. Moreland, J.P. and Craign, W.L., Philosophical Foundations for a Christian Worldview, 2e édition, InterVarsity Press, Downers Grove, IL, 2017, p. 313.
4. Brass, M., and Haggard, P., To Do or Not to Do: The neural signature of self-control,
Journal of Neuroscience 27(34):9141–9145, 22 août 2007
5. Hendricks, S., Free Will or Free Won't? Neuroscience on the choices we can (and can't) make
free will or free wont


Source : Does your brain make your decisions before you do ? Creation.com/brain-decisions

Traduit avec permission par Fabrice Bect et Gérald Pech, Plateforme scientifique Bible & Science.
Publié par Creation Ministries International, 20 janvier 2018
© Creation Ministries International Ltd. https://creation.com/


---- 10 Février 2018 ----

Notre commentaire
Puisqu'il provient d'une organisation chrétienne américaine, et qui de surcroit s'affiche ouvertement créationniste (crime de lèse majesté !) beaucoup auront du mal à prendre cet article au sérieux. Bien dommage.
Le sujet du libre arbitre est évidemment particulièrement sensible, vu qu'il impute ou non à l'homme la responsabilité de ses décisions. Les chrétiens américains de cette organisation l'ont bien compris et ne se laissent pas intimider, mais ils montrent qu'ils connaissent le sujet et sont capables d'aligner des éléments de réfutation solides.
Il est probable que le développement des neurosciences va s'intéresser de plus en plus à cette question qui hante les penseurs depuis longtemps. Aujourd'hui avec l'imagerie cérébrale en temps réel, les chercheurs ont à leur disposition des outils puissants. Et ils vont les utiliser (et les utilisent déjà) pour traquer la conscience et lui arracher ses secrets. Les films de science fiction se sont déjà emparés du sujet, certaines agences gouvernementales rêvent de modifier la conscience de ses corps d'armée. Bref le sujet est chaud.
Mais il faut garder la tête froide et être prêt à accepter - ici aussi - que la recherche scientifique a ses propres limites et que certains domaines resteront certainement à jamais hors de son champ d'investigation.
Oser l'affirmer une fois de plus n'est pas "botter en touche" , ou se mettre la tête dans le sable, mais c'est juste accepter les limites de plus en plus évidentes de la recherche dans ses domaines les plus avancés, et qui confinent à d'autres disciplines dites "non scientifiques".
Affaire à suivre

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